Découvrir la place Saint-Étienne à Arras et le quartier alentour

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Nichée dans le centre historique d’Arras, la place Saint-Étienne est un lieu qui respire l’histoire à chaque pierre. Ce petit coin de la ville, souvent méconnu des visiteurs, recèle pourtant de véritables trésors du patrimoine arrageois. Pour le comprendre pleinement, il faut remonter le temps, à l’époque où l’ancienne église Saint-Étienne trônait fièrement à cet emplacement.

Une place marquée par l’ancienne église Saint-Étienne

La place Saint-Étienne occupe aujourd’hui l’emplacement d’une ancienne église dont la construction remonte au XIème siècle, à une époque où l’architecture religieuse connaissait un essor majeur dans la ville d’Arras. Ce lieu de culte, érigé autour des années 1000, a traversé les siècles, devenant un symbole de la spiritualité et de l’importance de la religion dans la vie quotidienne des habitants. Durant plusieurs centaines d’années, l’église Saint-Étienne a été un point de rassemblement pour la communauté, témoin des grands événements de l’histoire arrageoise. Mais tout changea à la fin du XVIIIème siècle. En pleine Révolution française, période où l’on assistait à une réappropriation des biens ecclésiastiques par l’État, l’édifice fut transformé en club des Amis de la Constitution en 1790, accueillant des réunions et débats politiques dans un climat d’effervescence révolutionnaire.

Cependant, cet usage temporaire ne dura que quelques années. En 1792, dans le sillage de la Révolution, l’église fut vendue comme bien national et démolie peu après, marquant la disparition d’un pan important du patrimoine religieux d’Arras. Cette démolition symbolisait non seulement la rupture avec le passé clérical de la France mais aussi la volonté de redéfinir les espaces publics. Pourtant, l’aura sacrée du lieu semble perdurer jusqu’à nos jours. Les pierres de la place Saint-Étienne continuent de murmurer l’histoire de l’ancienne église, et en flânant sur cette place, on ressent encore l’empreinte de la spiritualité qui a marqué cet endroit pendant près de huit siècles.

Localisation :

Le couvent de Sainte-Agnès : Un héritage du XVIIème siècle

Autour de la place Saint-Étienne, plusieurs édifices rappellent l’importance de cette zone au fil des siècles. L’un des plus remarquables est sans doute le couvent de Sainte-Agnès, fondé en 1643 dans une bâtisse que les moines de Saint-Vaast avaient dédiée aux œuvres charitables. Occupée par une communauté de treize femmes, cette « Maison de Sainte-Agnès » avait pour mission d’assurer la nourriture, l’entretien et l’éducation des jeunes orphelines, poursuivant ainsi une œuvre sociale importante dans la cité.

À la Révolution, le couvent fut transformé en établissement municipal, mais certains de ses bâtiments ont survécu jusqu’à nos jours. Notamment, la chapelle construite en 1700, avec sa façade donnant sur la rue Sainte-Agnès et son campanile, a été classée aux Monuments Historiques. Aujourd’hui, ces éléments témoignent du riche passé religieux et caritatif de ce quartier. Ils rappellent également le style architectural du XVIIème siècle, conférant à la place et ses alentours une atmosphère empreinte d’histoire.

Couvent Saint Agnès

Couvent Saint Agnès

L’église Notre-Dame des Ardents : un symbole de la persévérance

À quelques pas de la place Saint-Étienne se dresse un autre édifice emblématique du patrimoine arrageois : L’église Notre-Dame des Ardents. Ce bâtiment chargé d’histoire fut construit sur l’ancien site de l’Arsenal, témoignant de la capacité de la ville à se réinventer tout en conservant ses traditions. L’origine de cette église remonte à l’initiative de Monseigneur Lequette, évêque d’Arras de 1866 à 1882, qui souhaitait ériger un lieu de culte digne pour abriter le reliquaire de la Sainte Chandelle. Ce projet faisait suite à la destruction, en 1791, de la chapelle de la Petite Place, un événement qui avait laissé la ville orpheline d’un lieu de recueillement dédié à cette relique sacrée. L’architecte Clovis Normand, reconnu pour son style néo-roman, fut alors chargé de concevoir cette église en brique et en pierre. Les travaux s’étalèrent de 1869 à 1876, rendus possibles grâce à une souscription publique lancée auprès des habitants d’Arras, témoignant de leur engagement envers la préservation de leur patrimoine religieux.

Ce qui rend l’église Notre-Dame des Ardents particulièrement remarquable, c’est sa capacité à avoir traversé les épreuves du temps, notamment les destructions massives causées par la Grande Guerre. En effet, elle est la seule église du centre d’Arras à avoir été épargnée par les bombardements, ce qui lui confère une dimension symbolique puissante. Sa silhouette, qui se détache fièrement dans le paysage urbain, rappelle la ferveur religieuse de la ville ainsi que la persévérance des Arrageois face aux drames de l’Histoire. Chaque pierre de l’église semble raconter l’histoire de cette résilience, invitant les visiteurs à méditer sur la force du patrimoine et sur l’attachement d’une ville à ses racines spirituelles.

Arrière de Notre Dame des Ardents

Vue arrière de Notre-Dame des Ardents

Un quartier d’Arras plein de charme et de mémoire

Se promener autour de la place Saint-Étienne, c’est plonger dans l’histoire d’Arras. Chaque bâtiment, chaque rue, semble murmurer des récits du passé. Le quartier, moins fréquenté que les places principales, offre une atmosphère paisible et propice à la contemplation. Le pavé des rues, les façades anciennes et les édifices conservés confèrent au lieu un cachet unique, loin du tumulte du centre-ville.

En découvrant la place Saint-Étienne et ses alentours, on ne peut qu’être frappé par la richesse de ce patrimoine discret. Entre les vestiges de l’ancien couvent de Sainte-Agnès, l’élégance préservée de l’église Notre-Dame des Ardents et les souvenirs de l’ancienne église Saint-Étienne, ce quartier est une invitation à la réflexion et à la découverte. C’est là toute la magie d’Arras : une ville qui, derrière ses façades et ses places célèbres, cache des trésors insoupçonnés à qui sait prendre le temps de les explorer.

R.C.