Contexte et histoire : creusement, rôle 1916-1917, Néo-Zélandais, préparation de l’offensive du 9 avril 1917
Sous les rues paisibles d’Arras, un réseau souterrain chargé d’histoire s’étend silencieusement : la Carrière Wellington, également connue sous le nom de Wellington Tunnels. Ce site emblématique de la Première Guerre mondiale est un témoignage bouleversant de la stratégie militaire, de l’ingéniosité humaine et du courage collectif. Aujourd’hui musée mémoriel, la Carrière permet de descendre dans les entrailles de la ville pour revivre un épisode déterminant de la grande guerre, tout en rendant hommage à ceux qui y ont vécu, combattu, ou attendu le signal de l’assaut. Plus d’informations sur le contexte historique sont disponibles sur ce cette page.
À l’origine, les sous-sols d’Arras abritaient des carrières de craie creusées dès le Moyen Âge. Lorsque les combats s’enlisent sur le front occidental, en 1916, l’armée britannique décide d’utiliser ces galeries pour préparer une attaque surprise contre les positions allemandes. Une opération titanesque est alors menée : relier entre elles les anciennes carrières pour en faire un réseau stratégique de communication, de logement et d’assaut. Ce travail est confié aux unités néo-zélandaises du génie, les “New Zealand Tunnelling Companies”, qui donnent leur nom aux principales sections des galeries (Wellington, Auckland, Nelson…).
Entre novembre 1916 et mars 1917, ces soldats creusent plus de 20 kilomètres de tunnels sous la ville. Les conditions sont extrêmes : obscurité permanente, humidité, isolement, et risque constant d’effondrement ou de rencontrer les tunnels ennemis. Pourtant, leur mission est capitale : permettre à 24 000 soldats britanniques de se masser en secret sous la ligne de front et de surgir par surprise au matin du 9 avril 1917, marquant le début de la bataille d’Arras 1917. Cette offensive, bien que coûteuse, sera l’une des plus efficaces sur le front occidental en termes d’avancée territoriale.
La Carrière Wellington, nommée ainsi en hommage à la capitale de la Nouvelle-Zélande, devient le cœur logistique et stratégique de cette attaque. En y pénétrant aujourd’hui, on ressent encore la tension palpable de ces jours précédant l’assaut. Ces galeries sont un véritable livre de pierre où les traces des hommes du passé dialoguent avec la mémoire collective.
- La visite aujourd’hui : parcours, durée, réservation, accessibilité, meilleures heures, pièges à éviter
- Expérience et pédagogie : dispositifs immersifs, inscriptions des soldats, émotions/recueillement
- Autour de la visite : enchaîner avec le Mur des Fusillés, le cimetière du Faubourg d’Amiens, la Citadelle (itinéraire piéton)
- Infos pratiques : saisonnalité, groupes/familles, scolaires, combinés (Boves + Carrière), ressources pour aller plus loin
La visite aujourd’hui : parcours, durée, réservation, accessibilité, meilleures heures, pièges à éviter
Aujourd’hui, la Carrière Wellington se visite à travers un parcours immersif de 1h environ, ponctué de projections, d’effets sonores et de témoignages. L’entrée se fait par un bâtiment moderne situé à l’est d’Arras, rue Arthur Delétoille. Un ascenseur vous conduit à 20 mètres sous terre, où commence la découverte de cet univers souterrain préservé.
Le circuit balisé suit les pas des soldats britanniques et néo-zélandais, à travers des galeries reconstituées, des salles d’attente, des cuisines et même une infirmerie. Des noms de rues, inscrits à la craie sur les parois, rappellent l’origine des unités (Russell Street, Queen Street, etc.), tandis que des silhouettes projetées sur les murs donnent vie à la pierre.
La réservation est vivement conseillée, surtout pendant les vacances scolaires et les commémorations. Le musée étant très fréquenté, notamment par les scolaires et les touristes anglo-saxons, il est préférable de réserver en ligne via le site officiel de l’Office de tourisme d’Arras ou sur place quelques jours à l’avance.
Le site est accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à son ascenseur et à un aménagement adapté. Toutefois, la température constante de 11°C nécessite de se munir de vêtements chauds même en été. Les meilleures heures pour visiter sont le matin en semaine, où l’affluence est plus faible et l’ambiance plus propice à la contemplation.
Quelques pièges à éviter : ne pas confondre la Carrière Wellington avec d’autres sites souterrains comme les Boves (galeries médiévales sous le centre-ville), et bien vérifier les horaires car les départs de visite sont toujours guidés, par créneaux horaires précis. Il est également conseillé d’arriver 15 minutes avant le départ pour garantir l’accès.
Expérience et pédagogie : dispositifs immersifs, inscriptions des soldats, émotions/recueillement
Le caractère immersif de la visite souterraine d’Arras tient à la qualité de sa muséographie. À travers un savant mélange d’objets d’époque, de projections murales, de bandes sonores en 3D et de récits enregistrés, le parcours transporte le visiteur au cœur de l’attente précédant la bataille. On y entend les ordres donnés par les officiers, les bruits de pas résonnant dans la craie, les silences pesants avant l’assaut.
Partout dans les galeries, on trouve des inscriptions laissées par les soldats. Des prénoms, des surnoms, des dates… Des marques d’humanité gravées à même la pierre. Ces graffitis constituent l’un des éléments les plus émouvants de la visite. Ils rappellent que derrière les chiffres, il y avait des visages, des espoirs, des jeunes hommes souvent à peine sortis de l’adolescence.
Certains dispositifs pédagogiques s’adressent plus particulièrement aux groupes scolaires : carnets de visite, animations guidées, questionnaires interactifs permettent de sensibiliser les jeunes générations à l’histoire et à la mémoire de la grande guerre. Pour les familles, des parcours adaptés existent également, avec des explications simplifiées et des repères ludiques.
L’atmosphère générale du lieu appelle naturellement au recueillement. Le silence des galeries, le froid ambiant, l’éclairage tamisé… Tout concourt à faire de cette descente un moment introspectif. Nombreux sont les visiteurs qui en ressortent bouleversés, conscients d’avoir touché du doigt un pan de l’histoire trop souvent oublié. Pour replacer cette expérience dans un contexte plus large, n’hésitez pas à y faire un tour !
Autour de la visite : enchaîner avec le Mur des Fusillés, le cimetière du Faubourg d’Amiens, la Citadelle (itinéraire piéton)

Prolonger la visite de la Carrière Wellington, c’est enrichir l’expérience en découvrant d’autres lieux de mémoire accessibles à pied depuis le site. À quelques centaines de mètres, un parcours piéton bien indiqué permet de relier plusieurs sites emblématiques liés à la grande guerre à Arras.
En premier lieu, le Mur des Fusillés, situé dans l’enceinte de la Citadelle d’Arras. Ce lieu saisissant rend hommage à 218 résistants et otages exécutés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, mais s’inscrit dans une continuité de mémoire qui commence en 1914. Les panneaux explicatifs retracent le destin de ces hommes et femmes tombés pour la liberté. Ce site émouvant s’intègre pleinement dans une démarche de compréhension globale des conflits qui ont marqué le XXe siècle.
Juste à côté, se trouve le cimetière du Faubourg d’Amiens, géré par la Commonwealth War Graves Commission. Ce cimetière militaire abrite plus de 2 700 tombes de soldats britanniques, canadiens, australiens et néo-zélandais tombés lors des combats autour d’Arras 1917. Au centre, le majestueux Mémorial d’Arras rend hommage à plus de 35 000 soldats du Commonwealth dont les corps n’ont jamais été retrouvés. L’harmonie du site, son entretien impeccable et son silence apaisant en font un lieu de recueillement incontournable.
Enfin, la promenade peut se terminer à la Citadelle d’Arras, chef-d’œuvre de l’architecture militaire de Vauban. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle offre un contrepoint architectural aux galeries souterraines. Utilisée comme caserne, puis comme lieu d’exécution pendant les conflits, la Citadelle est aujourd’hui un espace de mémoire et de détente, avec ses remparts accessibles et ses espaces verts.
Ce parcours peut se faire en moins de deux heures à pied, en partant de la Carrière Wellington pour rejoindre ces trois sites en boucle. Des panneaux touristiques facilitent le repérage et permettent de contextualiser chaque étape. Ce cheminement historique et symbolique permet d’élargir la perspective et d’ancrer la visite dans un récit territorial plus large, entre passé militaire et mémoire vivante.
Infos pratiques : saisonnalité, groupes/familles, scolaires, combinés (Boves + Carrière), ressources pour aller plus loin
La Carrière Wellington est ouverte toute l’année, avec des horaires qui varient selon les saisons. En général, le site est accessible de 10h à 12h30 et de 14h à 18h, avec une fermeture hebdomadaire le lundi. Il est conseillé de consulter le site de l’Office de tourisme d’Arras ou de la Carrière elle-même pour vérifier les horaires mis à jour, notamment lors des jours fériés et des vacances scolaires.
La visite est adaptée à tous les publics : groupes scolaires, familles, couples, passionnés d’histoire ou simples curieux. Pour les groupes (à partir de 15 personnes), une réservation spécifique est requise, avec possibilité de visite guidée privative. Des tarifs réduits sont proposés pour les étudiants, les enfants et les demandeurs d’emploi. Les groupes scolaires bénéficient d’un accompagnement pédagogique renforcé, avec des supports adaptés au niveau (primaire, collège, lycée).
Des visites combinées sont proposées entre la Carrière Wellington et les Boves d’Arras, un autre réseau de galeries souterraines situé sous la place des Héros, mais datant cette fois du Moyen Âge. Ces visites croisées permettent de comprendre l’évolution de l’usage du sous-sol arrageois, du temps des carriers aux tunnels de guerre. Le contraste entre les deux univers souterrains est saisissant, et permet d’aborder la ville d’Arras dans toute sa richesse historique.
Pour les amateurs d’histoire qui souhaitent aller plus loin, plusieurs ressources complémentaires sont disponibles :
- Le livre “Les Tunnels de la Grande Guerre” édité par le musée lui-même, qui retrace l’histoire du creusement et des unités néo-zélandaises
- Des applications mobiles de visite guidée disponibles sur App Store et Google Play, avec cartes interactives et contenus enrichis
- Des expositions temporaires régulièrement organisées dans l’espace musée en surface
- Les archives municipales et le Centre d’interprétation de la mémoire d’Arras qui conservent documents, lettres et photos des combattants
Il est également possible de participer à des visites thématiques (offensive du 9 avril, vie des tunneliers, guerre de mines, etc.), en fonction de la programmation annuelle. Des journées spéciales sont organisées lors des grandes dates de commémoration (9 avril, 11 novembre), avec conférences, lectures et concerts.
La visite de la Carrière Wellington ne se résume pas à une immersion dans les profondeurs : elle résonne en surface, dans les rues d’Arras, dans ses monuments, dans le silence des cimetières et la pierre des remparts. C’est un lieu de mémoire, mais aussi un espace pédagogique et citoyen, où se croisent les récits d’hommes venus de l’autre bout du monde pour défendre une terre qui n’était pas la leur.