Arras à la Belle Époque (1870-1914), au sortir de la guerre franco-prussienne

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Particulièrement marquée par des progrès sociaux, La Belle Époque est une période tout à fait particulière pour la capitale de l’Artois. Cette période, que l’on situe de la fin du XIXème Siècle à la Première Guerre Mondiale, correspond pour les anglais et britanniques à la fin de l’époque Victorienne alors qu’en France, elle est marquée par un essor technologique encore plus accru, une insouciance sociétale remarquable et une expansion dans le monde (particulièrement en Afrique si l’on pense en particulier à la Conférence de Berlin (de 1884 à 1885). La République émerge de manière définitive dans le pays, non sans mal.  Arras n’est pas étrangère à ces évolutions et c’est ce que nous voyons dans ce sujet.

Le retour des Républicains à Arras et la Guerre de 1870

Émile Lenglet (dont la rue est perpendiculaire à celle de Sadi Carnot dans la ville) est nommé préfet du Pas-de-Calais par le gouvernement provisoire de Défense Nationale durant la Guerre franco-allemande. Ancien compagnon de Frédéric Degeorge, dont nous avons longuement parlé dans un sujet précédent, le préfet Eugène-Émile Lenglet peut être considéré comme le chef des républicains arrageois. Ancien membre du conseil municipal d’Arras et premier adjoint en 1848, il avait déjà été élu représentant du Pas-de-Calais à l’Assemblée constituante à la même époque. Sa nomination comme préfet du gouvernement de la Défense nationale le 6 septembre 1970 se fait alors même qu’il est, à l’âge de 59 ans, déjà bien malade.
Durant cette guerre de 1970, plusieurs noms ressortent comme le général Faidherbe (un lycée à Lille mais un boulevard à Arras), qui devint en remplacement du général Bourbaki (transféré à l’armée de la Loire pour former l’armée de l’Est) au poste de commandant de l’Armée du Nord.
Il ne fait pas attendre un mois pour que la ville d’Arras soit mise en état de défense devant l’avancée des troupes prussiennes. Si l’offensive de Faidherbe à Bapaume début janvier 1871 est un succès, la défaite de Saint-Quentin le 19 du même mois va provoquer un vent de panique dans la ville d’Arras. En réalité, une offensive massive sur Arras et Cambrai est prévue ; Le 28 janvier et le traité de Versailles vont pacifier la chose. Faidherbe et August Karl Friedrich Christian von Goeben s’accordent pour garder intactes les frontières du nord et du Pas-de-Calais en concédant le fait de laisser l’armée française à au moins 10 kilomètres de la délimitation.

La politique d’après-guerre

A Arras, Hyppolite Plichon le bonapartiste est remplacé par le républicain Émile Deusy (un avocat et propriétaire terrien) comme maire de la ville.

En 1871, les élections législatives ne confirment pas la position des républicains, en France comme à Arras. Émile Lenglet démissionne de sa fonction de préfet. Les monarchistes et bonapartistes jouent leurs partitions respectives. Charles-Alphonse Levert est ainsi un bonapartiste qui devient député en 1872. Ernest François Joseph Deusy, battu en 1877, redevient député pour le compte des républicains aux élections d’avril 1878. Sous de Broglie, Auguste Paris, arrageois d’adoption puisqu’il est né à Saint-Omer, devient ministre des Travaux publics. Il meurt le 18 décembre 1896 dans sa maison de la place Saint Géry dans la capitale de l’Artois.

cimetiere d arras

Le Cimetière Municipal d’Arras où l’on peut observer les sépultures de quelques illustres arrageois de l’époque.

La fin du hégémonie régionale arrageoise

Nous avions déjà vu que Arras connaissait un déclin en cette fin du XIXème Siècle. Cela se traduit par une industrie affaiblie, un secteur tertiaire croissant et l’émergence de garnisons plus importantes (on pense ici surtout au 33ème RI et au 3ème génie en pantalon rouge et tunique bleue. Le 23 décembre 1890, la place d’Arras est déclassée. Le réseau d’égouts préparé en cette toute fin de siècle ne masque pas un écrasant endettement de la ville. Des terrains sont revendus par la ville pour compenser et la population ne croît plus. A la veille de la Grande Guerre, durant laquelle Arras jouera une carte essentielle, la ville n’existe réellement que par son artisanat et son commerce local. Le tournant de capitale régionale est ainsi explicitement pris par Lille, plus dynamique et entourée de nombreuses industries textiles.

Arras est à l’écart de la Révolution Industrielle entre les deux guerres.

L’importance culturelle et artistique arrageoise

A défaut d’une économie florissante, Arras a connu lors du XIXème Siècle un réel essor culturel et artistique. C’est à cette époque que l’Académie est restaurée, que des peintres émergent. Camille Corot, qui vécut à Arras, créa notamment « Près d’Arras, les bûcheronnes » que l’on peut encore admirer au Musée des Beaux Arts de la ville. Verlaine séjourna également à Arras (Il va voir à Fampoux son oncle Julien Dehée ou visiter sa mère veuve installée à partir de 1875 dans une maison de l’impasse d’Elbronne, perpendiculaire à la rue d’Amiens située dans l’ouest du centre d’Arras) ; Il passe aussi son temps au bistrot (à l’estaminet, pour reprendre un terme nordiste) et notamment à celui qui existe toujours (la plus ancienne licence du Pas-de-Calais) appelé l’Equinoxe au 11 Rue des Augustines. Plus tôt dans le siècle un architecte fit aussi du bruit en la personne d’Alexandre Grigny.

stade du rca marcel brabant

Stade Degouve du RCA (terrain Marcel Brabant)

A la Belle Époque, la photographie est aussi présente à Arras. Le patrimoine riche et somptueux de la ville y est pour quelque chose. Le sport, également, prend de plus en plus de place et le RCA (Racing Club d’Arras) est ainsi fondé en 1908 (son siège se situe en face du jardin du Gouverneur), soit 2 ans seulement après le Racing Club de Lens. L’Allée des Rosati connaît elle un sport qui devient de plus en plus en vogue, le cyclisme.

X.D.