La contre-attaque inattendue lors de la Bataille d’Arras de 1940

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La bataille d’Arras, qui a eu lieu le 21 mai 1940 durant la bataille de France, a opposé les forces franco-britanniques à la Wehrmacht allemande. Dans cet article, nous nous pencherons sur cette contre-attaque alliée audacieuse, qui a réussi à ralentir l’avancée des forces allemandes et à infliger des pertes notables, bien que le succès ait été mitigé.

Le contexte de la Bataille d’Arras en 1940

En mai 1940, les forces allemandes envahissent le nord-est de la France dans le cadre de leur offensive éclair, le Blitzkrieg. Les villes de Cambrai et Saint-Quentin tombent rapidement aux mains des Allemands, et Péronne suit peu après. Face à cette avancée rapide, les Alliés décident de lancer une contre-attaque depuis Arras pour tenter de freiner l’ennemi. On se rappelle ici que Arras avait résisté durant la Première Guerre Mondiale.

Les Forces alliées en présence lors de la Bataille

Les forces alliées étaient composées de troupes britanniques et françaises, dont la 5e division d’infanterie britannique, la 50th Northumbrian Infantry Division, la 1ère brigade de chars britannique et 60 chars de combat de la 3e division légère mécanique française :

La 5e division d’infanterie (5th Infantry Division)

La 5e division d’infanterie (5th Infantry Division) est une division de la British Army (armée de terre britannique) qui possède une histoire riche et diversifiée. Créée en 1806 par Arthur Wellesley, le futur Duc de Wellington, elle a participé à de nombreux conflits majeurs à travers les siècles, notamment la guerre d’indépendance espagnole, les guerres napoléoniennes, la Seconde Guerre des Boers et les deux guerres mondiales.

L’insigne actuel de la 5e division d’infanterie, adopté en 1995, est composé d’un carré bleu traversé par une bande diagonale jaune, avec un « V » (chiffre romain représentant le nombre 5) situé dans le coin supérieur droit. Cet insigne symbolise à la fois la longévité et la fierté de cette unité au sein de l’armée britannique.

The 50th Northumbrian Infantry Division

La 50e division d’infanterie (Northumbrian) était une division d’infanterie de l’armée britannique qui a vu un service distingué pendant la Seconde Guerre mondiale. Avant la guerre, la division faisait partie de l’Armée territoriale (TA) et les deux T dans l’insigne divisionnaire représentent les deux principales rivières de sa zone de recrutement, à savoir les rivières Tyne et Tees. La division a participé à presque toutes les grandes batailles du conflit européen de 1940 jusqu’à fin 1944 et a également servi avec distinction en Afrique du Nord, en Méditerranée et au Moyen-Orient de la mi-1941 à 1943.

La 50e division était l’une des deux divisions britanniques (l’autre étant la 3e division d’infanterie) à débarquer en Normandie le jour J, le 6 juin 1944, où elle a débarqué sur Gold Beach. Au cours de la guerre, quatre hommes de la division ont été décorés de la Croix de Victoria, un nombre supérieur à toute autre division de l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Première Division Blindée Britannique

La première division (Royaume-Uni) (1st United Kingdom Division), connue jusqu’en 2014 sous le nom de 1re division blindée (1st Armoured Division), est une division de la British Army (armée de terre britannique). Formée en octobre 1937 en tant que « division mobile » (Mobile Division), elle a participé activement à la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre, la division fut dissoute, mais elle fut reconstituée en 1976 sous le commandement de la British Army of the Rhine (BAOR) et stationnée en Allemagne. Ce n’est qu’en 2004 que la division fut transférée en Angleterre, où elle a continué à jouer un rôle important au sein de l’armée britannique.

La Première division a une histoire riche et variée, ayant servi dans différents contextes et situations depuis sa création. Son expérience au cours de la Seconde Guerre mondiale a contribué à façonner son rôle et ses compétences, et elle est devenue une force clé dans la structure de l’armée britannique. Depuis son transfert en Angleterre en 2004, la division continue de s’adapter aux défis modernes et de soutenir les opérations militaires britanniques dans le monde entier.

La 3e division légère mécanique française

La 3e division légère mécanique française était une unité française de blindés créée en 1940 pour combattre pendant la bataille de France. Elle était dirigée par le Général Langlois et comprenait deux brigades légères mécaniques, des régiments d’artillerie, des services de soutien, des compagnies du génie et des transmissions.

Parmi ses régiments, on trouvait des cuirassiers équipés de chars Somua S35 et Hotchkiss H39, des dragons portés avec des véhicules Laffly S20 et des automitrailleuses Panhard 178. La division disposait également d’unités d’artillerie tractée tout-terrain, d’escadrons divisionnaires antichar et de réparation, ainsi que de diverses compagnies pour assurer le soutien logistique, sanitaire et les communications.

cimetiere militaire allemand pres d'Arras

Les forces allemandes lors de la bataille d’Arras

Du côté allemand, on trouvait le régiment Grossdeutschland, la 7e Panzerdivision et la SS-Totenkopf-Division (motorisée) :

Le régiment Grossdeutschland

Le Régiment d’infanterie Großdeutschland (en allemand : Infanterie-Regiment « Großdeutschland » ; litt. « Régiment d’infanterie ‘Grande Allemagne' ») était une unité d’élite cérémonielle et de combat de l’armée allemande qui a participé à la Seconde Guerre mondiale. Formé à l’origine en 1921 sous le nom de Wachregiment Berlin, il a été rebaptisé Infanterie-Regiment Großdeutschland en 1939. Le régiment a servi lors des campagnes en France et dans les Pays-Bas. Par la suite, il a servi exclusivement sur le front de l’Est jusqu’à la fin de la guerre. Il a été anéanti près de Pillau en mai 1945.

Il est parfois confondu à tort avec la Waffen-SS, alors qu’il s’agissait en réalité d’une unité de l’armée régulière allemande (Heer). En 1942, il a été élargi pour devenir la Division Großdeutschland, la division la mieux équipée de la Wehrmacht, qui recevait du matériel avant toutes les autres unités, y compris certaines unités de la Waffen-SS. Toutefois, il est resté un régiment au sein de la division et a été rebaptisé Grenadier-Regiment Großdeutschland. Il a reçu son nom final, Panzergrenadier-Regiment Großdeutschland, en 1943.

la 7e Panzerdivision

La 7e Panzerdivision était une division blindée de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Initialement formée en tant que 2e division légère en 1938, elle participe à la campagne de Pologne avant d’être transformée en division blindée. Sous le commandement d’Erwin Rommel lors de la campagne de l’Ouest, elle acquiert le surnom de « division fantôme ».

Après son engagement dans l’invasion de l’Union soviétique, la division retourne en France en 1942 et participe à l’occupation de la zone libre en novembre. Par la suite, elle est de nouveau déployée sur le front de l’Est, où elle reste jusqu’à la fin de la guerre.

La SS-Totenkopf-Division (motorisée)

La SS-Totenkopf-Division (motorisée) a joué un rôle significatif lors de la bataille d’Arras, qui s’est déroulée en mai 1940 pendant la campagne de France. La bataille d’Arras était une contre-attaque menée par les forces britanniques et françaises dans le but de freiner l’avancée allemande et de soulager la pression sur les forces alliées encerclées à Dunkerque.

La SS-Totenkopf-Division, commandée par Theodor Eicke, faisait partie des forces allemandes engagées dans la bataille. Le 21 mai 1940, les forces alliées ont lancé une attaque sur le flanc sud de la percée allemande, prenant les Allemands par surprise et infligeant des pertes considérables à la SS-Totenkopf-Division. Cependant, les Alliés n’ont pas réussi à maintenir leur avancée et ont été contraints de se retirer face à la contre-attaque allemande. Cette division SS a été aussi tristement célèbre dans son implication dans les exterminations et génocides :

En effet, les SS-Totenkopfverbände (SS-TV) étaient des unités SS responsables de la gestion des camps de concentration en Allemagne nazie avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils faisaient partie intégrante de la Schutzstaffel, aux côtés de la Waffen-SS et de l’Allgemeine SS. Ces unités avaient leurs propres centres de formation, des grades légèrement différents et des uniformes distincts, avec le sigle SS remplacé par une tête de mort sur le col.

la division ss mobile et les camps

La division ss mobile a participé à la rotation sur les camps

Le déroulement de la bataille

Le 21 mai 1940, deux colonnes alliées, surnommées « Frankforce », avancent vers le sud d’Arras. Composées de 58 Matilda Mark I, 16 Matilda Mark II et 14 chars légers Vickers MK VI, ainsi que de 2 000 soldats, elles progressent rapidement et rencontrent peu de résistance. Cependant, elles se heurtent bientôt à de l’artillerie lourde et à de l’infanterie allemande, ce qui met fin à leur avancée et inflige des pertes importantes aux forces allemandes.

Profitant de la situation, les Allemands lancent une offensive sur Arras, mais sont stoppés par les blindés français de la 3e division légère mécanisée. Les forces françaises capturent environ 400 soldats allemands et détruisent plusieurs chars ennemis. La contre-attaque française est si violente que le commandant de la 7e Panzerdivision, Rommel, pense être attaqué par cinq divisions françaises.

Ce n’est qu’avec l’aide de la Luftwaffe que Rommel parvient à repousser les blindés français en fin de journée.

Conséquences et issue de la bataille d’Arras

Les conséquences et les résultats de la bataille d’Arras ont eu un impact significatif sur la suite de la campagne de France pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que la contre-attaque alliée ait initialement réussi à infliger des pertes notables aux forces allemandes, notamment à la SS-Totenkopf-Division, les Alliés n’ont pas été en mesure de maintenir leur avancée et ont dû se retirer face à la riposte allemande.

La bataille d’Arras a démontré la capacité de l’armée allemande à résister aux assauts alliés et à réagir rapidement pour renverser la situation. Cela a renforcé la confiance des forces allemandes dans leur stratégie et leur supériorité tactique, contribuant à leur victoire ultérieure lors de la campagne de France. Pour les Alliés, la bataille d’Arras a été une déception, car elle a révélé les faiblesses de leur coordination et de leur planification, ainsi que les difficultés à contrer la Blitzkrieg allemande.

En fin de compte, la bataille d’Arras a notamment contribué à sceller le sort des forces alliées en France. La défaite alliée lors de cette bataille a précipité la chute de la France et l’évacuation des troupes britanniques lors de l’opération Dynamo à Dunkerque. Cette évacuation a permis de sauver une grande partie de l’armée britannique, mais a également laissé la France sans défense face à l’invasion allemande, entraînant l’occupation de la France et l’établissement du régime de Vichy. Pour Arras, commence alors l’occupation allemande et les débuts d’une résistance dont on évoque quelques aspects dans notre sujet sur Guy Mollet.

R.C.