Le samedi 7 octobre 2023, la ville d’Arras s’est transformée en une véritable scène gastronomique en accueillant la première édition du championnat du monde de la frite. La Grand’Place d’Arras a été l’épicentre de cette célébration culinaire, attirant un public de 15 000 épicuriens et une trentaine de compétiteurs passionnés par le célèbre mets. Retour sur l’événement.
Le déroulement du 1er championnat du monde de la frite
Le président du jury, Jean-Paul Dambrine, était particulièrement ravi de cet événement inédit. Il a souligné l’extraordinaire participation de candidats venus même du Sud de la France. Pour lui, la réussite de cette compétition pourrait grandement contribuer à mettre en valeur le métier des cuisiniers spécialisés dans la confection de frites et à reconnaître la place de la frite dans la culture gastronomique.
Les candidates et candidats n’ont pas hésité à montrer leur inventivité. Par exemple, l’un d’entre eux a mis en avant une idée de frite associée à des cèpes de Bordeaux, offrant une expérience gustative rappelant une balade en forêt, le tout au cœur de la Grand’Place d’Arras.
Parmi les quatre finalistes est notamment venu du JaponSugio Yamagouchi qui prévoit d’inaugurer un restaurant à Paris. Ce compétiteur travaille aux côtés d’un adjoint exceptionnel, titré champion du monde du pâté en croûte, une compétition qui célèbre l’excellence à l’ombre de Bocuse. Ensemble, avec détermination, ils se sont consacrés à leur mission jusqu’au bout. Sans pour autant décrocher la timbale !
En effet, la compétition s’est terminée en apothéose avec l’annonce des gagnants. Aurèle Mestré, originaire de Lille, a remporté le prestigieux titre de champion du monde de la frite. Ses efforts ont été récompensés, et il a exprimé sa joie face à une si grande audience. Par ailleurs, plusieurs autres candidats se sont distingués dans différentes catégories : Philippe Frenoi pour la frite familiale, Allan Gilley Pavard pour la meilleure sauce à frite, et Clément Krupka pour son approche innovante de la frite créative.
La frite : Une histoire d’amour avec la région des Hauts-de-France
La véritable origine de la frite est sujet à débat, bien que bon nombre de gens l’associent spontanément à la Belgique. Selon certaines sources, les habitants des vallées de la Meuse en Belgique auraient commencé à frire de petits poissons en 1680. En hiver, lorsque la pêche devenait difficile, ils les remplacèrent par des pommes de terre coupées en forme de petits poissons, donnant naissance aux premières frites. D’autres histoires laissent entendre que la France ou même l’Espagne pourraient être les véritables berceaux de ce mets délicieux.
L’ascension dans les Hauts-de-France
Notre région des Hauts-de-France, située à la frontière avec la Belgique, a rapidement adopté et adapté la frite, faisant d’elle un incontournable de sa culture gastronomique. Dans notre belle région, les « baraques à frites » ou « friteries » sont devenues des points de repère, servant des frites croustillantes, souvent accompagnées de moules ou d’autres spécialités locales. Les fêtes locales et les marchés sont ainsi souvent animés par ces stands où les frites sont préparées à la perfection dans de grandes cuves d’huile bouillante.
Innovations et adaptations
Au fil du temps, la frite a évolué dans notre région des Hauts-de-France et si la méthode traditionnelle de double cuisson pour garantir « croustillance à l’extérieur et moelleux à l’intérieur » reste la norme, de nombreuses variations sont apparues. Des sauces variées, des assaisonnements spécifiques et des accompagnements divers ont enrichi la palette gustative de la frite. Elle est devenue non seulement une simple garniture, mais aussi le cœur de nombreux plats régionaux comme nous le voyons plus bas.
Les traditionnelles frites Ketchup (Nous,on préfère la mayo)
La consécration de la frite à Arras, témoignage du patrimoine gastronomique
La célébration du championnat du monde de la frite à Arras ne fait que souligner l’enracinement profond de cette spécialité au sein de la culture gastronomique des Hauts-de-France. Avec une multitude de participants et des milliers de visiteurs présents, cet événement met en avant non seulement la passion pour la frite, mais aussi sa place centrale dans de nombreux plats régionaux. On pense notamment à ceux-ci :
- Les moules-frites : Sans doute le plus célèbre des plats associés aux frites, le moules-frites est un classique incontournable. Originaire du Nord, ce mets associe des moules fraîchement cuites à la vapeur, généralement aromatisées au vin blanc, échalotes et persil, avec des frites croustillantes. Servi généreusement, ce plat est souvent accompagné d’une bière blonde locale ;
- La carbonnade flamande : La carbonnade flamande est un ragoût de bœuf mijoté lentement dans une sauce à la bière et aux oignons. Riche en saveurs, elle est traditionnellement servie avec des frites qui absorbent délicieusement la sauce sucrée-salée du plat ;
- Le Welsh : Importé du Pays de Galles, le Welsh est devenu un incontournable dans le Nord de la France. Il s’agit d’un plat consistant à base de cheddar fondu, de bière et de moutarde, servi sur une tranche de pain, et souvent accompagné de jambon. Les frites, servies à côté, ajoutent une touche croustillante à cette préparation fondante.
- Les chicons au gratin : Connu aussi sous le nom d’endives au jambon, ce plat combine la légère amertume des endives braisées enroulées dans du jambon, le tout recouvert d’une béchamel gratinée. Bien que traditionnellement servi avec des pommes de terre, nombre de restaurants et foyers du Nord l’accompagnent volontiers de frites pour une touche plus gourmande ;
- Le traditionnel steak-frites : Un classique simple mais efficace. Un steak juteux grillé à la perfection est jumelé à des frites croustillantes pour créer un duo intemporel qui satisfait les appétits les plus voraces ;
- L’andouillette d’Arras : C’est une spécialité charcutière emblématique de la région des Hauts-de-France de nos jours qui fait l’objet d’une fête chaque année. Confectionnée à partir de parties choisies du gros intestin et de l’estomac du porc, l’andouillette se distingue par son goût prononcé et sa texture unique. À Arras, cette charcuterie est préparée suivant des méthodes traditionnelles, lui conférant une saveur authentique. Habituellement grillée ou poêlée, elle est servie chaude, accompagnée de moutarde ou d’une sauce à base de vin blanc. Bien que sa forte saveur puisse diviser, elle est adorée par de nombreux amateurs de charcuterie. Pour compléter ce plat régional, rien de mieux qu’une portion de frites dorées et croustillantes et un verre de bière ou de vin blanc local pour équilibrer le palais.
La frite, avec son extérieur croustillant et son intérieur moelleux, complète et rehausse ces plats, en apportant une texture et une saveur uniques. Elle est plus qu’une simple garniture : elle est une partie intégrante de l’expérience gastronomique des Hauts-de-France, et son rôle dans l’identité culinaire de la région ne peut être sous-estimé.
R.C.