Le Mur des Fusillés : Un lieu de mémoire et de recueillement

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Dans les fossés de la Citadelle d’Arras, un mémorial poignant rappelle l’histoire tragique de 218 patriotes qui, au cours de la Seconde Guerre mondiale, ont été fusillés par les forces allemandes. Le mémorial du mur des fusillés d’Arras, dédié à ces victimes de différentes nationalités durant les années qui suivirent la Bataille d’Arras, est un lieu qui mérite d’être visité pour comprendre et se souvenir de la barbarie de cette sombre période de l’histoire.

Un lieu de mémoire préservé

Le mémorial se situe au niveau de la Citadelle d’Arras, là où les patriotes furent exécutés entre le 21 août 1941 et le 21 juillet 1944. L’aménagement du mémorial est volontairement sobre, afin de préserver l’authenticité des lieux et de montrer aux visiteurs le cadre qui fut témoin de ces tragiques événements.

Le seul monument présent dans le mémorial est un poteau, réplique aussi exacte que possible de celui auquel les victimes étaient attachées. De plus, 218 plaques fixées le long des murs de la citadelle rappellent le nom de chaque victime, et une plaque à l’entrée du mémorial invite les visiteurs à garder en mémoire le sacrifice de ces patriotes.

Plaque mémorial à l'entrée

Plaque de mémoire à l’entrée

Des victimes représentant la résistance de tous horizons

Les victimes fusillées incarnaient une résistance multiculturelle et diversifiée, venant de toutes les strates de la société. Elles étaient originaires de neuf pays différents, dont la France, la Pologne, la Belgique, l’Union soviétique, le Portugal, l’Italie, la Hongrie, la Tchéquie et la Yougoslavie. Leurs professions étaient tout aussi variées, englobant des prêtres, des enseignants, des artisans, des commerçants, des agriculteurs, des employés, des fonctionnaires, des cheminots, des ouvriers et des mineurs. Cette diversité témoigne de la volonté de résistance qui transcendait les frontières, les cultures et les classes sociales lors de cette sombre période de l’histoire.

L’expression de la résistance à Arras

À partir de l’été 1940, les sabotages individuels se multiplient. Blanche Paugan, qui a sectionné à maintes reprises des fils téléphoniques, est la première résistante à être appréhendée et condamnée à mort par le tribunal nazi d’Arras le 17 septembre 1940. Sa sentence est finalement transformée en travaux forcés à perpétuité.

Progressivement, entre 1941 et 1942, les actes isolés laissent place à des réseaux de résistance plus structurés. L’offensive contre l’URSS le 22 juin 1941 signale le début de l’essor de la résistance communiste. Le 21 juillet, une première action de sabotage de la ligne ferroviaire Arras-Lens est orchestrée par deux communistes, Marcel Dandre et Albert Bekaert. Dandre trouve la mort au cours de l’explosion, tandis qu’Albert Bekaert est capturé, torturé, jugé et finalement exécuté. Il est le premier à être fusillé depuis le début de l’Occupation à la prison Saint-Nicaise d’Arras.

En outre, les Allemands utilisent la déportation comme instrument de répression. Plus de 7 000 individus du Nord-Pas-de-Calais sont transférés vers les prisons et les camps du Reich. Parmi eux, 80 Arrageois y ont perdu la vie.

L’inauguration du mémorial et la commémoration

Inauguré le 13 juillet 1947 par le Président de la République française de l’époque, Vincent Auriol, le mémorial a été honoré par un discours poignant de Guy Mollet, député-maire d’Arras. Au cours de son allocution, il a souligné l’importance de perpétuer le souvenir de ces victimes et de leur lutte pour la liberté, afin que les générations futures n’oublient pas les sacrifices consentis.

Depuis cette inauguration, le mémorial est fréquemment le lieu de cérémonies commémoratives en l’honneur de ces résistants. En 2005, une 218e plaque dédiée à Jules Douvrin a été ajoutée au mémorial et dévoilée par le préfet Denis Prieur lors d’une cérémonie solennelle. De plus, des événements commémoratifs rendant hommage à la résistance sont régulièrement organisés autour de la date du 8 mai 1945, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et la victoire des Alliés sur le régime nazi. Ces commémorations permettent de rappeler l’engagement et le courage de celles et ceux qui ont lutté pour la liberté et la démocratie.

vue du mur des fusillés à Arras

Vue du mur des fusillés à Arras

Une cérémonie de Prélèvement de Terre en 1951

Au cours d’une cérémonie poignante en octobre 1951, un prélèvement de terre imprégnée du sacrifice des héros de la résistance a été effectué. Fernand Derome, membre du cabinet de Guy Mollet, ancien vice-président du conseil et maire d’Arras, assistait à cet événement solennel à l’endroit où 220 résistants furent fusillés pour que la France puisse continuer à vivre. C’est M. Vélu, ingénieur des ponts et chaussées et représentant du groupe OCM, qui a lui-même prélevé cette terre marquée par le sang des héros. Il l’a ensuite placée dans une urne qui devait être emmenée à Châteaubriand.

Des personnalités éminentes étaient présentes lors de cette cérémonie, dont le colonel Roger Troy, le lieutenant Morival et les membres du comité de libération d’Arras. M. Besnier, secrétaire du comité de libération et détenu par les Allemands, a eu le privilège de sceller cette terre précieuse d’Artois. D’autres participants étaient également présents, tels que MM. Leclercq, maire et son adjoint d’Aubigny, Lepoivre, maire de Courrières, et Vandeville, maire d’Oignies, qui portaient la terre sacrée de leur ville où de nombreux héros sont tombés au combat contre l’envahisseur.

Localisation géographique du lieu de Mémoire à Arras

Le mur des fusillés est à proximité de la Citadelle (près de l’ancienne porte), du Jardin du Polygone mais aussi d’un autre lieu de mémoire qu’est le Cimetière Militaire du Faubourg d’Amiens :

Le lieu reste ouvert au public toutes les après-midi de 14 heures à 19 heures.

R.C.